Lundi soir avait lieu au Navire la projection du film documentaire « Plus jamais peur » consacré à la récente « révolution de jasmin » en présence de son réalisateur. Le film terminé, Mourad Ben Cheikh a rejoint le public pour un échange passionné et passionnant d’une heure environ.
Né en 1964, Mourad Ben Cheikh vit et travaille à Tunis. Auteur de plusieurs documentaires, « Plus jamais peur » est son premier long-métrage. Il a été présenté au 64e Festival de Cannes où il a reçu un très chaleureux accueil et bénéficie aujourd’hui d’une diffusion internationale. Il quittera cependant sa tournée pour se rendre aux urnes le 23 octobre prochain afin de voter « pour la première fois de sa vie. » Pour lui, « une nouvelle Tunisie est en train de prendre forme. »
Dans « Plus jamais peur », le cinéaste tunisien a filmé la révolte de son pays, de l’intérieur, dans l’urgence et la sincérité du moment présent, dès le 14 janvier 2011. Il présente les évènements à travers le regard porté par la peuple Tunisien lui-même, centrant sa caméra sur celui de trois visages et trois voix en particulier, l’avocate Radhia Nasraoui, militante des droits de l’homme, une jeune étudiante bloggeuse nommée Lina Ben Mhenni, l’une des premières personnes à avoir relaté sur son site les évènements de Sidi Bouzid et le journaliste indépendant Karem Cherif. Une occasion de revenir sur les origines de ce moment marquant de l’histoire du pays, de découvrir les maux et les mots de Tunisiens qui souffraient contraints au silence, d’assister au courage puis à la libération d’un peuple après vingt-trois années de régime dictatorial. En leitmotiv dans le film, une voix qui parle tandis qu’elle collecte, découpe et assemble des photographies d’hommes et de femmes prises pendant les évènements. Ses portraits d’individus ainsi rassemblés composent un gigantesque puzzle, comme une somme de destins individuels unis dans une même voix et un même destin. C’est aussi elle qui aura le mot de la fin du film : « Cette révolution tunisienne n’est pas le fruit de la misère, mais plutôt le cri de désespoir d’une génération de diplômés. Ce n’est, ni la révolution du pain, ni celle du jasmin... Le jasmin ne sied pas aux morts, il ne sied pas aux martyrs. Cette révolution est celle du dévouement d'un peuple... Plus jamais on n'aura peur pour cette nouvelle Tunisie ! »
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