dimanche 5 février 2012

Bruegel, le moulin et la croix, Film polono-suédois de Lech Majewski avec Rutger Hauer, Charlotte Rampling, Michael York. (1h31).


Si les films sur l'art et les artistes sont nombreux, le point de vue adopté par celui-ci sort de l'ordinaire. Quand la plupart des productions se donnent pour objectif de retracer la vie de l'artiste sous la forme d'un biopic, le film de Lech Majewski a pour mission d'animer sous nos yeux un tableau de Bruegel l'ancien, Le Portement de croix, daté de 1564, de le décomposer plan après plan. IL ne nous apprendra rien sur l'auteur.
 Chaque scène du film correspond à une séquence du tableau, qui est composé d'environ 500 personnages. Les acteurs qui incernent ces personnages dans le film parlent très peu, comme pour ne pas dénaturer l'oeuvre du maître, ce sont les bruits du quotidien qui créent une ambiance sonore et nous plongent dans toute la dureté de ce milieu du XVIème siècle que Bruegel a su si bien rendre avec son pinceau. 

Le Portement de croix est un sujet souvent traité en peinture, comme les autres épisodes de la Passion du Christ. Le film montre l’originalité du tableau de Bruegel et la manière dont il a su rompre avec la tradition iconographique. Les personnages qui composent la scène sont les contemporains du Flamand, le Christ, personnage principal du tableau est presque invisible au milieu de cette foule étonnamment nombreuse. Les soldats romains sont remplacés par des Espagnols en tunique rouge. Au service du sens, il s'attache à nous faire mieux saisir les raisons de la composition de l'artiste. A travers les souffrances du Christ, ce sont en effet les massacres de l'inquisition espagnole que Bruegel dénonce. 

Malheureusement, bien que le film soit très réussi sur le plan esthétique, bien qu'il soit intéressant du point de vue historique par cette double lecture qu'il donne du tableau et cette étonnante reconstitution du XVIème siècle flamand, il ne parvient pas vraiment à sortir de la prouesse technique et reste cantonné à un bel exercice de style.

Le Portement de croix, 1564

2 commentaires:

  1. c'était prévisible mais quand même pour les fans de bruegel ça doit être chouette de le voir

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